■ Kumamoto : Une ville à l’esprit samouraï

Située au centre de l’île de Kyushu, près de la côte ouest, vous trouverez Kumamoto, une ville qui a gagné mon cœur, touché mon âme et inspiré ma créativité. Loin des rues animées et bruyantes de Tokyo, Kyushu offre une ambiance japonaise traditionnelle. La ville est fière de son amour profond pour la culture et l’artisanat, de ses artisans talentueux et réputés, de ses habitants modernes et ouverts d’esprit et de son histoire unique de samouraïs.

C’est comme si les samouraïs n’avaient jamais quitté Kumamoto. Aujourd’hui encore, vous pouvez sentir leur présence et leur empreinte dans toute la ville. Du château de Kumamoto à la tombe de l’un des samouraïs et bretteurs les plus légendaires du Japon, Miyamoto Musashi. Kumamoto célèbre ses racines de la manière la plus fascinante qui soit.

Pour en savoir plus sur les samouraïs, les artisans, la culture et la beauté de Kumamoto, j’ai parcouru la ville et rencontré quatre personnes hors du commun qui ont pu me raconter son histoire.

■ M. Morimitsu Hosokawa : La famille qui allie culture et tradition

La première personne que j’ai rencontrée à Kumamoto est Morimitsu Hosokawa, seigneur du domaine de la ville et successeur du célèbre clan Hosokawa, une lignée familiale qui fait partie intégrante de l’histoire de Kumamoto.
Il est impossible d’évoquer la région, son histoire, sa culture ou son artisanat sans mentionner le clan Hosokawa. La famille était l’un des clans de samouraïs japonais au pouvoir pendant les époques de Muromachi, Sengoku et Edo. Parmi ses nombreuses réalisations, le clan Hosokawa est connu pour son influence sur d’impressionnantes réformes financières, la diffusion de l’art et la construction d’infrastructures à travers le pays. Hosokawa est lui-même artiste, pratiquant principalement la poterie.

Pour commencer la visite de Kumamoto, j’ai rencontré M. Hosokawa dans un endroit tout à fait spécial : le manoir de la famille Hosokawa. La vaste propriété est située à côté du parc naturel de Tatsuda et des ruines du Taisho-Ji, le temple familial. Au cours des 400 dernières années, la magnifique demeure a accueilli une pléthore de samouraïs célèbres, dont le légendaire Miyamoto Musashi.

M. Hosokawa nous en a dit un peu plus sur le magnifique rôle de sa famille dans l’histoire de la ville. Il y a environ 400 ans, à l’époque d’Edo, le shogun a confié à la famille Hosowaka le gouvernement de la région. L’objectif de la famille n’était pas simplement de gouverner Kumamoto, mais plutôt de maintenir la culture et la tradition de la région vivantes et prospères.

M. Hosokawa nous a parlé de son ancêtre, Tadaoki, le fils de Hosokawa Fujitaka, premier du nom. Ce n’était pas seulement un samouraï extraordinaire, mais aussi un apprenti respecté du maître de la cérémonie traditionnelle du thé, Sen no Rikyu. Cette cérémonie est une activité culturelle impliquant la préparation et le service du matcha. La « Voie du thé » était considérée comme une manifestation de respect indispensable lors de l’accueil des invités. L’importance de la cérémonie se fait encore sentir dans l’un des plus beaux jardins que Kumamoto a à offrir, situé juste à côté de la demeure. Le parc abrite les vestiges du temple de la famille Hosokawa et un magnifique pavillon de thé construit à l’origine selon les plans de Hosokawa Tadaoki. Vous pouvez y ressentir l’importance de la tradition et de l’attention que les Hosokawa portent à la culture de façon la plus vivante.

M. Hosokawa nous a expliqué que le parc abrite également les tombes de ses ancêtres et un monument commémoratif dédié à Miyamoto Musashi. Le samouraï a passé les dernières années de sa vie à Kumamoto, où il a écrit « Le Livre des cinq anneaux ». La famille a soutenu Musashi et s’est assurée de protéger son héritage.

Parler à M. Hosokawa et le regarder nous préparer une cérémonie du thé traditionnelle dans une maison en lien avec tous les samouraïs légendaires, ses ancêtres et l’histoire de Kumamoto fut un moment très spécial. Cela nous a clairement montré le lien profond de la famille et de la ville avec son histoire et nous a rappelé à quel point le clan Hosokawa était et est toujours vital pour la ville.

Il n’y avait pas de meilleure façon de commencer à découvrir le patrimoine culturel de la ville – une introduction parfaite à Kumamoto. Maintenant, nous devons rencontrer Mitsumasa Ota, un maître d’iaido, un art martial traditionnel japonais.

■ M. Mitsumasa Ota – Iaido : L’art l’emporte sur la guerre

L’iaido est un art martial japonais très spécial puisque que, contrairement à de nombreuses formes d’arts martiaux, il ne s’agit pas de blesser ou de tuer l’adversaire. La façon dont vous dégainez votre arme et la séquence de mouvements qui suit, appelée « 型 kata », est destinée à éviter les combats. Les séquences utilisées en iaido sont conçues pour subjuguer l’adversaire en pleine attaque et lui faire rengainer son sabre. Comme l’iaido exige un contrôle total de l’esprit et du corps des pratiquants, il est généralement pratiqué seul et est considéré comme une forme d’art à part entière. L’état d’esprit de cet art se concentre sur l’équilibre de vos pensées afin de manifester une approche honnête, humble et reconnaissante de la vie et de son environnement.

Mitsumasa Ota, pratiquant d’iaido, illustre toutes ces attitudes d’une manière qui m’a beaucoup impressionné et inspiré. Le mantra de M. Ota : « Au lieu de taillader votre adversaire, tranchez votre ego, votre arrogance », décrit parfaitement son mental.

M. Ota attendait notre arrivée au dojo qu’il dirige avec son père afin de nous en dire plus sur les liens de cet art avec les samouraïs. Parmi les leçons d’iaido qu’il nous a données, il nous a appris à vivre, à penser et à agir plus lucidement que simplement nous parler d’une technique de combat. « L’art l’emporte sur la guerre. L’esprit de l’iaido consiste à ne pas se battre et c’est son aspect le plus important. Ne pas se battre avec les autres. Et c’est cette philosophie que je veux enseigner et diffuser », dit-il.

Tout dans son apparence symbolisait le calme, la sérénité et l’amour pour ce qu’il faisait. Chaque geste qu’il faisait et chaque mot qu’il prononçait étaient en paix avec notre environnement et enracinés dans un état d’esprit, un corps et une vision clairs. Il nous a expliqué qu’il faut exprimer sa reconnaissance pour maîtriser cet art. Avant de commencer à pratiquer, il s’incline d’abord devant ses sabres et remercie son environnement. Pour réussir dans cet art, il devait aller encore plus loin. L’art martial concerne l’ego et la négativité que vous laissez errer à travers votre esprit. Quand je lui ai demandé quelle importance avait la victoire quand l’ego avait été tranché, sa réponse m’a impressionné et m’a beaucoup appris sur la beauté de l’iaido. « Avant mon ultime combat, mon maître m’a dit que je devais remercier tout le monde, les gens autour de moi et mon adversaire. Je dois le remercier de pratiquer l’iaido, ce qui me permet de pratiquer l’iaido à mon tour. Et c’est ce qui m’a permis de réaliser tout ça. Au début, je ne pensais qu’à gagner, mais quand j’ai compris cette conception, j’ai pu libérer mon esprit. Ce n’est qu’à ce moment-là que j’ai pu vraiment gagner », a-t-il expliqué.

Une reconnaissance pleine et complète est requise pour cet art. M. Ota et son père en font la démonstration à tous. Ils enseignent gratuitement à une trentaine d’élèves dans leur dojo et donnent quatre leçons par semaine. L’esprit de leur art martial et son message les motivent à former et éduquer les gens en permanence. Ce que vous apprenez à l’intérieur du dojo est transposé dans votre vie quotidienne ; c’est un état d’esprit et une façon de vivre. M. Ota nous a dit : « L’iaido ne consiste pas à tuer des gens mais plutôt à tuer votre ego, votre jalousie et votre arrogance. « Au lieu de taillader votre adversaire, tranchez la négativité. »

UN PREMIER PAS À KUMAMOTO

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Où se trouve KUMAMOTO ?

Accès

À 1 h 40 d’avion de Tokyo. À 1 h 05 d’avion d’Osaka. Vous pouvez voyager en Shinkansen, à 3 heures de Kyoto / Osaka. À 1 h 35 de Hiroshima.

Présentation

Kumamoto est l’une des principales préfectures de la région sud-ouest du Japon connue sous le nom de Kyushu. Parmi ses splendeurs, on peut citer Aso, l’époustouflante caldeira volcanique, le château de Kumamoto, l’un des plus beaux du Japon, le grand habitat des dauphins à Amakusa face à la mer de Chine méridionale, la zone de production de la liqueur de riz distillée Kuma Jochu protégée par l’OMC, et bien d’autres endroits variés et fascinants que vous ne trouverez nulle part ailleurs au Japon.