■ M. Kentaro Inada : L’artisan moderne et le Higo-Zogan

Impressionnés par les enseignements et les paroles de M. Ota, le temps était venu pour nous d’en savoir plus sur l’artisanat de Kumamoto. Il était temps de rencontrer un authentique artisan japonais. Kentaro Inada vit au plus profond des montagnes pour pratiquer son métier, le Higo-Zogan, et créer des pièces exceptionnelles. En tant que l’un des artisans les plus célèbres de la ville, il fait partie intégrante de l’héritage et de la tradition de la région. Le Higo-Zogan est l’art de graver des motifs complexes sur une base métallique et est pratiqué dans la région depuis plus de 400 ans. Kentaro est connu pour créer des gravures sur des sabres de samouraïs qui présentent différents styles et motifs définissant l’héritage des samouraïs. Lorsque nous l’avons rencontré chez lui, Kentaro nous a montré toute la variété des incrustations qu’il est capable de produire et nous a impressionnés par son immense humilité. Il nous a expliqué : « Je ne suis pas encore un maître. Il m’a fallu 15 ans pour en arriver là où je suis aujourd’hui. Mais j’aimerais sans doute être proche du niveau d’un maître. »

Bien qu’il soit lié aux samouraïs et à leur héritage, le Higo-Zogan ne se limite pas à la fabrication d’armes pour les conflits. Traditionnellement, les incrustations avaient une signification bien plus profonde. Elles étaient le signe d’un héritage, d’un statut, de compétences et de techniques. Les samouraïs essayaient d’éviter de se battre avec leur sabre. Les incrustations y contribuaient. Lorsque quelqu’un voyait ces gravures, il se souvenait de leur héritage et y réfléchissait à deux fois avant de se battre. « Et quand un sabre était dégainé, les choses étaient alors réglées de façon définitive. » nous a expliqué Kentaro. Il était important pour les samouraïs d’agir avec dignité, équilibre et respect. L’artisanat continue de perpétuer cet esprit.

Bien que ce métier soit le plus souvent associé à la gravure des sabres, tout ce qui peut être façonné à partir d’acier, d’or ou d’argent est considéré comme du Higo-Zogan. Kentaro est là pour donner vie à la vision d’un client. Comme il crée des objets tangibles, Kentaro est connecté en permanence au monde qui l’entoure.

■ M. Kanemitsu Kimura : le forgeron de sabre et son métier

Après avoir découvert la famille Hosokawa, les samouraïs, l’iaido et le Higo-Zogan, il était temps pour nous de rencontrer enfin la personne qui fabrique l’outil qui les relie tous : le forgeron de sabres.
M. Kanemitsu Kimura n’est pas un forgeron comme les autres. C’est un artisan de 10e génération qui vit et respire vraiment son travail. D’une taille imposante, avec de grandes mains et un sourire humble, il nous a invités dans la maison et l’atelier de sa famille. L’odeur du blé brûlé était encore dans l’air lorsque nous avons fait le tour du manoir et sommes passés devant l’étang aux carpes koi de son père. Ces poissons nous ont donné un premier aperçu de la beauté de ce métier et de l’harmonie de l’esprit et du corps nécessaire à sa maîtrise.

« Ce métier fait partie de mon environnement depuis ma plus tendre enfance et mon souhait a toujours été de perpétuer cette tradition. Je ne me souviens même pas de la première fois où j’ai été en contact avec les sabres artisanaux. Ils ont toujours été là, depuis le jour de ma naissance. » nous a expliqué M. Kimura sur son entrée dans l’univers de la fabrication des sabres. Pour créer l’un de ces sabres, M. Kimura a besoin de 15 jours, et le processus global pour le terminer peut prendre jusqu’à trois ans. Sa méthode exige 10 étapes différentes pour mener un sabre à son terme. Du choix d’un acier spécial de Kumamoto à l’enrobage dans de la boue et du blé, en passant par la fusion des matériaux, un sabre parfait exige du temps. Chaque aspect de la création d’un sabre dépend de l’usage auquel il est destiné. Un expert en arts martiaux a besoin d’un type de sabre différent de celui d’une famille qui veut arborer son héritage. C’est au forgeron de présenter au client le sabre le mieux adapté à ses besoins. Bien sûr, les samouraïs ont joué un grand rôle dans l’histoire de ce métier.

« Le but du port du sabre était la guerre, mais pendant l’époque pacifiée d’Edo, il est devenu partie intégrante du statut de son porteur. Une sorte de mode, un symbole de votre personnalité », explique Kanemitsu Kimura. Pour créer un sabre parfait, il faut non seulement être perfectionniste, mais aussi croire en la combinaison de la nature et de la création humaine. Il y a beaucoup d’aspects que l’homme ne peut pas contrôler pendant la fabrication d’un sabre et il a fallu du temps à M. Kimura pour le comprendre. Par exemple, des motifs en forme de vague apparaissent sur chacune des lames lorsque le métal brûlant est plongé dans l’eau pour l’aider à se refroidir. Chaque sabre est différent. Il s’agit d’une étape essentielle où le forgeron produit une alchimie et crée quelque chose qui est à la fois artificiel et naturel.
« J’aime beaucoup l’idée que la nature et le forgeron sont profondément liés. Cela produit quelque chose de différent à chaque fois. Cela revêt la diversité de la nature elle-même, mais cela dépend aussi du forgeron. Être et penser naturel est la chose la plus importante. Si je suis nerveux ou déstabilisé ou me dispute avec quelqu’un, cela affecte le sabre. Il est indispensable d’être équilibré et d’avoir l’esprit calme » dit-il. Maîtriser ce métier exige la même attitude que pour devenir un samouraï, un maître de l’iaido ou un artisan accompli.

Après avoir parlé avec M. Kimura, il m’a été facile de constater tout ce que j’avais appris et de comprendre ce qui faisait de Kumamoto un endroit si particulier sur la carte du Japon : un esprit humble ; un dévouement à la culture, à la tradition et à l’artisanat ; la volonté de perpétuer son héritage et de le transmettre à la prochaine génération. Un sabre exige une quinzaine de jours pour sa fabrication physique, mais pour maîtriser les étapes nécessaires, cela peut prendre jusqu’à toute une vie. Il existe beaucoup d’autres métiers et de personnes impliquées dans ce processus. Chacun a une histoire unique à raconter, une activité à perpétuer, des règles à suivre et un esprit à entretenir.

Des samouraïs au château de Kumamoto, la ville et la préfecture respirent la tradition. À chaque coup du forgeron sur un sabre, chaque geste du maître d’iaido, chaque cérémonie du thé que le seigneur du domaine organise pour ses invités et chaque objet fabriqué par l’artisan, cette culture est maintenue vivante.

Kumamoto est un lieu magique et les personnages que vous pourrez y rencontrer vous inspireront comme nul autre. C’est comme si vous entriez dans une partie intacte de l’histoire japonaise. L’authentique esprit des samouraïs est vivant et ne quittera jamais cette ville.

UN PREMIER PAS À KUMAMOTO

PÉNÉTREZ PLUS AVANT

Où se trouve KUMAMOTO ?

Accès

À 1 h 40 d’avion de Tokyo. À 1 h 05 d’avion d’Osaka. Vous pouvez voyager en Shinkansen, à 3 heures de Kyoto / Osaka. À 1 h 35 de Hiroshima.

Présentation

Kumamoto est l’une des principales préfectures de la région sud-ouest du Japon connue sous le nom de Kyushu. Parmi ses splendeurs, on peut citer Aso, l’époustouflante caldeira volcanique, le château de Kumamoto, l’un des plus beaux du Japon, le grand habitat des dauphins à Amakusa face à la mer de Chine méridionale, la zone de production de la liqueur de riz distillée Kuma Jochu protégée par l’OMC, et bien d’autres endroits variés et fascinants que vous ne trouverez nulle part ailleurs au Japon.